Les rebelles tchadiens se sont déclarés hostiles vendredi au déploiement dans l'est du Tchad d'une force de l'Union européenne (UE) préalablement à l'envoi de Casques bleus dans la région voisine du Darfour (Soudan). "Sous prétexte du Darfour, nous ne voulons pas d'une armée étrangère sur notre sol", a indiqué lors d'une conférence de presse à Dakar Albissaty Saleh Allazam, un responsable du Rassemblement des forces pour le changement (RFC), une des branches de la rébellion tchadienne. Selon lui, cette force sera "très mal accueillie", en particulier si elle tente de s'interposer entre les rebelles et l'armée tchadienne. "Si l'intention de l'Occident est de venir sécuriser les réfugiés on pourra même leur porter assistance, par contre, s'ils viennent s'interposer contre notre avancée sur N'Djamena, ils verront de quel bois nous nous chauffons", a poursuivi M. Allazam. Les habitants du Darfour "méritent d'être aidés, mais pas à nos dépens", a-t-il poursuivi en ajoutant qu'il ne croyait "pas du tout à la bonne intention de l'armée qui va venir". "Notre armée est solide, et il y a risque de guerre totale", a-t-il prévenu tout en assurant que "ce qui se passe en Irak, les Tchadiens sont prêts à le faire". "Nous sommes prêts à nous transformer en bombe", a-t-il conclu. L'UE a décidé mercredi d'envoyer une force militaire au Tchad et en Centrafrique afin que la sécurité y soit assurée lorsqu'une force mixte ONU-Union africaine (UA) se déploiera dans la province soudanaise du Darfour. Les contours de la force européenne, dont le quartier général devrait être installé près de Paris, doivent encore être précisés, celle-ci ne pouvant être déployée avant une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette mission européenne, qui répond à une demande de l'ONU, devrait être composée de 4.000 soldats au maximum, sur une période de 12 mois. La France, qui dispose d'un important contingent militaire au Tchad, a été désignée jeudi comme "autorité de planification" de cette mission. Outre le soutien à la force ONU-UA, la force européenne doit avoir pour mission d'aider les populations du Darfour déplacées par un conflit meurtrier à s'y réinstaller et de favoriser l'action humanitaire. Au Tchad seul, cela concerne, selon l'ONU, 236.000 réfugiés du Darfour et 173.000 déplacés tchadiens. La Centrafrique compte 10.000 réfugiés et plus de 200.000 déplacés dans le nord et le nord-est. |